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Pierre Poilièvre et ArriveCAN

Photo du rédacteur: Amanda FakihiAmanda Fakihi

Photo:Adrian Wyld Archives La Presse canadienne


Le récent rapport accablant de la Vérificatrice générale Karen Hogan nous a révélé ces derniers jours les failles d'ArriveCAN. On peine à comprendre cette augmentation vertigineuse, soit 750X supérieure au coût initial de développement de l'application, passant de 80 000 $ à 59,5 millions de dollars. La VG déplore un «non-respect flagrant des pratiques de gestion élémentaire» et qualifie cette situation de «la pire gestion de livres».


Pour Pierre Poilièvre, chef du parti conservateur, c'est tout un plateau de munitions partisanes qu'on lui sert.


Analysons deux procédés rhétoriques employés par Poilièvre :


  1. Le néologisme


D’entrée de jeu, il surnomme cette application «ArriveScam». Ici, nous avons un exemple parfait de néologisme, à savoir un nouveau mot que l'on créé soit par la fusion de mots existants ou en inventant de nouveaux mots.

Ce néologisme, composé du mot-valise «Scam» signifiant arnaque, vise à imposer son interprétation de ce fiasco qu'il assimile à une arnaque commise délibérément par le gouvernement libéral à l'égard des contribuables. Cette stratégie néologique, mobilisant le pathos, à savoir des arguments qui font appel aux émotions, cherche à laisser une empreinte indélébile dans l'esprit des électeurs sur les errements financiers du gouvernement Trudeau. En qualifiant l'application ArriveCAN d'ArriveScam, Poilièvre suggère que ce n'est pas simplement un échec ou une erreur de gestion, mais plutôt une arnaque délibérée orchestrée par le gouvernement Trudeau. Ce stratagème cherche à influencer l'opinion publique en créant une image de Trudeau comme étant malhonnête et impliqué dans des pratiques douteuses.


Poilièvre cherche à disséminer son discours anti-Trudeau et à susciter l'indignation.


2. L'effet de cadrage des chiffres

Dans une récente entrevue accordée à La Presse, Poilievre déclare : «Ce sont des révélations incroyables de La Presse. Une entreprise qui compte deux employés [la firme compterait plutôt quatre employés, selon les vérifications de La Presse], qui est au cœur du scandale d’ArriveCAN, et qui a une adresse dans un sous-sol d’une maison en banlieue d’Ottawa, a reçu à peu près un quart de milliard de dollars en contrats...»


Le rapport de la VG nous informe que la firme en question, GC Strategies, a obtenu 258 millions de dollars en contrats depuis 2015, dont plusieurs sans processus d'appel d'offres.


L'effet de cadrage constitue un biais cognitif qui renvoie à la manière dont une information est présentée, influençant ainsi la perception et l'interprétation de cette information par le public.


Alors, quelle différence entre 250 millions et un «quart de milliard» ?


L'utilisation de l'expression «un quart de milliard» plutôt que «250 millions» dans le contexte des dépenses gouvernementales amplifie l'importance financière, créant potentiellement une perception plus négative chez le public. En évoquant une unité plus vaste, Poilievre fait paraître la somme plus considérable et, par conséquent, crée une impression de dépenses excessives. C'est un moyen de mettre l'accent sur l'ampleur des dépenses, ce qui peut influencer la manière dont les gens perçoivent la gestion des finances publiques.


Quelle leçon peut-on tirer de cette séquence ?


Dans l'arène politique, la manière dont l'information est présentée peut souvent avoir autant ou même plus d'impact que les faits eux-mêmes, démontrant ainsi la subtilité et les dangers des stratagèmes rhétoriques.

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